En Louisiane à la fin du XIXe siècle la vie est paisible: villas du bord …
Exquis ce chapitre où Edna refuse de rentrer se coucher malgré les protestations de son mari. Elle reste installée à l'extérieur sur un hamac et résiste à un mari déconcerté par le comportement de sa femme. L'époux finit par s'installer dehors, non loin d'elle, pour fumer cigare sur cigare. Puis Edna ne sait plus trop pourquoi elle a tant résisté et (en quelque sorte) capitule. Elle rentre tandis que son mari reste dehors quelques minutes supplémentaires.
En Louisiane à la fin du XIXe siècle la vie est paisible: villas du bord …
Des odeurs rares et étranges flottaient dans l’air – celles de la mer et des herbes, de la terre fraîchement labourée, mêlées au parfum capiteux d’un champ de fleurs blanches à proximité. Mais la nuit était légère sur la mer et la terre. L’obscurité ne pesait rien ; il n’y avait pas d’ombres. La clarté blafarde de la lune s’était posée sur le monde tel le doux mystère du sommeil.
Loevenbruck nous prend par la main pour un voyage à travers la France et la Corse en 1789. On y suit notre enquêteur Gabriel Joly, une mystérieuse jeune-femme, et un certain nombre d'autres personnages plus ou moins recommandables. L'intrigue nous mène à la découverte et à la poursuite d'une société secrète ésotérique mystérieuse et très influente.
La structure en chapitres courts alternant entre les points de vue facilite une lecture hachée au rythme des temps libres, et la présence d'illustrations ne gâte rien.
Un excellent livre, n'hésitez pas à plonger dedans !
En Louisiane à la fin du XIXe siècle la vie est paisible: villas du bord …
Elles étaient nombreuses, les mères avant tout, cet été-là à Grand-Isle. On les reconnaissait facilement, voletant de-ci de-là, déployant des ailes protectrices quand des dangers réels ou imaginaires menaçaient leur précieuse nichée. Ces femmes idolâtraient leurs enfants, vénéraient leurs maris et tenaient pour un privilège sacré de nier leur individualité et de se laisser pousser des ailes d’ange gardien.
Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils …
Aucun de nous ne reviendra
5 étoiles
La génération à laquelle j'appartiens n'a pas échappé à cette conviction qu'il ne fallait pas oublier. Parce que la mémoire serait un remède contre de futures horreurs. J'ai donc grandi, été éduqué en ce sens, été imprégné par ces récits autour des camps d'extermination. Je n'avais jamais rien lu à ce sujet, mais l'école, le lycée et le cinéma m'ont apporté des images et ont façonné en moi un univers « imaginable » de quelque chose d'inimaginable.
En ouvrant ce livre de Charlotte Delbo, je pensais en quelque sorte retrouver cet univers. J'y allais un peu à reculons. Mais il n'en est rien. Le récit, une succession de chapitres assez courts, est d'une force évocatrice telle qu'il perturbe ces images intérieures et me plonge dans un univers incompréhensible — d'ailleurs, les vociférations des bourreaux sont le plus souvent inintelligibles. Des nuits « plus épuisantes » que les jours, des jours …
La génération à laquelle j'appartiens n'a pas échappé à cette conviction qu'il ne fallait pas oublier. Parce que la mémoire serait un remède contre de futures horreurs. J'ai donc grandi, été éduqué en ce sens, été imprégné par ces récits autour des camps d'extermination. Je n'avais jamais rien lu à ce sujet, mais l'école, le lycée et le cinéma m'ont apporté des images et ont façonné en moi un univers « imaginable » de quelque chose d'inimaginable.
En ouvrant ce livre de Charlotte Delbo, je pensais en quelque sorte retrouver cet univers. J'y allais un peu à reculons. Mais il n'en est rien. Le récit, une succession de chapitres assez courts, est d'une force évocatrice telle qu'il perturbe ces images intérieures et me plonge dans un univers incompréhensible — d'ailleurs, les vociférations des bourreaux sont le plus souvent inintelligibles. Des nuits « plus épuisantes » que les jours, des jours de forçats. Des « bouches hurlantes au ciel », des corps désarticulés, des corps inanimés, des vies qui n'en sont plus vraiment et qu'on croit déjà anéanties, mais qui résistent par on ne sait quel mystère. Le froid glacial de ces interminables attentes (l'appel) pénètre en nous, nous déchire, et je pense qu'un nombre de pages plus important aurait été difficilement supportable.
Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils …
Ceux du commando du ciel ont des privilèges. Ils sont bien vêtus, mangent à leur faim. Pour trois mois. Le temps écoulé, d’autres les remplacent qui les expédient, eux. Au ciel. Au four. Ainsi de trois mois en trois mois. Ce sont eux qui entretiennent les chambres à gaz et les cheminées.
Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils …
Ils ignoraient qu’on prît le train pour l’enfer mais puisqu’ils y sont ils s’arment et se sentent prêts à l’affronter
avec les enfants les femmes les vieux parents avec les souvenirs de famille et les papiers de famille.
Ils ne savent pas qu’à cette gare-là on n’arrive pas.
Ils attendent le pire – ils n’attendent pas l’inconcevable.
Une soirée d'été sur une île au large de l'Écosse. Pôle de convergence des regards …
Vers le phare
5 étoiles
Cette Promenade au Phare est un véritable joyau littéraire qui prend la forme d'une œuvre picturale. L'un des personnages du récit achève son tableau de la même manière que l'auteure réalise ici son dessein : « C’était fait ; c’était fini. Oui, se dit-elle, reposant son pinceau avec une lassitude extrême, j’ai eu ma vision. ». Le roman se résume en peu de mots : la vie qui s'écoule, les relations entre hommes et femmes, entre père et enfants ; le caractère fugace de la vie sous le regard du phare qui surplombe et veille sur tout cela. Mais il y a un tel génie dans ce peu (en termes d'action) qu'il vous emporte et vous subjugue. On referme ce livre avec l'idée de perfection, de complétude, d'une œuvre que le moindre petit changement aurait dénaturée.